« Yoga », le « roman » d’Emmanuel Carrère, n’ira pas en finale du Prix Goncourt 2020. Le jury considère qu’il ne relève pas de la fiction, alors que la presse le plébiscite comme une œuvre phare de la rentrée littéraire.
« Yoga », le dernier livre d’Emmanuel Carrère, n’accédera pas à la finale du Prix Goncourt 2020. Il a été disqualifié parce qu’il ne serait pas une « œuvre d’imagination », comme le mentionne le testament d’Edmond de Goncourt. Pourtant, l’œuvre a été unanimement saluée par la presse et la critique littéraire. Le journal Libération l’a mis en une de son édition du 22 août 2020 et lui a consacré une très longue critique dans laquelle, il considère que ce livre « est une réussite ». Nathalie Crom, dans les colonnes de Télérama, l’a inclus dans sa liste des quinze romans francophones « coups de cœur » de la rentrée littéraire. Plus averti, Jérôme Garcin a indiqué dans L’Obs qu’il envisageait « Yoga » comme un sérieux prétendant au prix Goncourt 2020 si le jury décide d’ouvrir la sélection à des œuvres de non-fiction. Ce qui ne se fera pas pour respecter la volonté d’Edmond de Goncourt.
Plus de 170 000 exemplaires vendus
Paru le 27 août 2020 aux éditions P.O.L. « Yoga » s’est écoulé à 170 000 exemplaires en moins d’un mois, indiquent les éditions P.O.L. Une performance qui plaça le « roman » d’Emmanuel Carrère en tête des ventes de livres en France, selon un classement établi par Edistat du 14 au 20 Septembre 2020. Au même moment, son ex-femme Hélène Devynck surgissait, l’accusait publiquement d’avoir trahi ses engagements envers elle et d’avoir menti dans son récit. La journalise lui reproche de ne pas avoir respecté le contrat établissant qu’elle ne devait pas figurer dans son roman après leur séparation. Une habitude qu’avait prise l’auteur depuis ses premières œuvres.
Le yoga comme un miroir romanesque
« Yoga » est un récit autobiographique autour de la pratique du yoga et de la méditation, par Emmanuel Carrère, pour lutter contre sa dépression, sa mélancolie et ses troubles bipolaires. Ces derniers l’ont conduit en 2015 à un internement à l’hôpital Sainte-Anne durant quatre mois. L’auteur y raconte aussi son mariage, dont il était si fier, sa relation érotique extrême et solaire avec sa maîtresse et son reportage infructueux à Bagdad (Irak) à la recherche d’un mystérieux « Coran de sang ». Il évoque en outre un séjour sur l’île grecque de Léros parmi de jeunes migrants qui racontent leur périple.