L’artiste aux multiples casquettes fera son entrée au Panthéon le 30 novembre prochain. À travers cette initiative saluée de tous, la France se rachète une conscience dans un contexte d’exacerbation du séparatisme dans le pays.
Aux grandes dames telles que Joséphine Baker, la patrie reconnaissante. Vous l’aurez compris, la devise du célèbre Panthéon de Paris est détournée à la gloire de l’artiste franco-américaine décédée en 1975. Et pour cause, elle va faire son entrée dans l’imposant monument le 30 novembre prochain sur décision du président Emmanuel Macron. L’information dévoilée par Le Parisien le 22 août intervient après des années de plaidoyer en faveur de la spécialiste de music-hall dont le combat pour l’égalité durant le siècle dernier est mémorable. Une pétition lancée en 2019 après une demande express de la famille de la chanteuse aux autorités françaises avait notamment recueilli plus de 40 000 signatures.
Une vie d’exception
Ce succès doit tant à la vie de Joséphine Baker. Née à Saint-Louis dans le Missouri en 1906, elle a au fil des années, troqué sa veste de chanteuse avec celle de militante pour la cause des minorités et même celle d’espionne en pleine seconde guerre mondiale. Malgré ses origines modestes, Freda Josephine McDonald de son vrai nom n’a jamais transigé sur ses valeurs d’humanisme profond. En témoigne son départ de son pays d’origine pour la France après 1920.
Motivée par le contexte discriminatoire qui régnait aux États-Unis à cette époque, elle débarque après des années de militantisme aux côtés de figures comme Martin Luther King et de lutte contre le Ku Klux Klan, à Paris, devenant l’une des toutes premières Américaines de couleur à s’installer dans la capitale française.
Une reconnaissance due
Dans le pays tricolore où elle deviendra citoyenne française en 1937, Joséphine Baker trouve son havre de paix. Sa carrière artistique connaît également une ascension. Elle collabore au même moment au profit de l’armée française contre le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale. L’épisode va la propulser au rang de Résistante au lendemain de cette période agitée.
C’est dire que personne d’autre que l’interprète de « J’ai deux amours » ne méritait cette inscription au Panthéon. Tant elle aura servi la France bien que cette dernière ne fût guère son pays de naissance. En devenant l’une des rares panthéonisée née à l’étranger, Joséphine Baker obtient une reconnaissance méritée, voire due. La France elle, réaffirme son attachement à l’universalisme à l’heure où les discours racistes fleurissent avant la présidentielle de 2022.