Traquées sur les réseaux sociaux, les fausses informations à propos de la pandémie pullulent pourtant en libraire, au vu et au su de tous. Comment expliquer cela ?
La démocratisation du processus de rédaction des ouvrages n’a semble-t-il pas que des avantages. Désormais accessible au moindre gratte-papier, le monde du livre, au-delà du plagiat, son fléau original, charrie lui aussi son lot de fake news. Surtout dans ce contexte de multiplication des faux discours sur le Coronavirus. Un tour dans les libraires, sur le site de certains grands éditeurs français ou sur les plateformes de distribution de produits culturels à l’image de la Fnac, permet de toucher du doigt cette réalité pernicieuse.
On trouve ainsi très vite sur le site du magasin français spécialisé, le livre Enquête sur un virus Covid-19 : Manipulations, Vols, Meurtres, Influences et Guerres Médiatiques de Philippe Aimar parmi l’une des principales recommandations à propos de la pandémie. Il en est de même de « The Truth about Covid-19 » écrit par Joseph Mercola, sur Amazon, dont la défiance à l’égard du vaccin mêle complotisme et mensonge.
Procédé rôdé
Ces deux ouvrages à l’instar de plusieurs autres publiés dans la foulée de la maladie, se déclinent dès leurs premières pages avec la promesse de fournir la vérité aux lecteurs. Mais il ne faut pas aller loin pour y découvrir qu’il s’agit en réalité de discours jamais prouvés au plan scientifique. Malgré cela, le succès est au rendez-vous pour les auteurs qui voient leurs œuvres particulièrement prisées, que ce soit dans les libraires ou sur les magasins numériques.
Et pour cause, le fait de consigner des écrits dans un livre contribue à leur donner une certaine crédibilité, ainsi que l’explique Marie Peltier, historienne et spécialiste du complotisme à la Haute École Galilée de Bruxelles à l’AFP. À en croire l’experte, les écrits d’un ouvrage sont plus susceptibles de faire tilt dans la tête du lecteur qu’une simple publication sur les réseaux sociaux, même si la viralité n’est pas à négliger dans ce dernier cas.
État d’impuissance
Les éditeurs qui à l’évidence ne sont guère des scientifiques se retrouvent de fait, désarmés. D’autant plus si le livre concerné émane d’une autorité réputée avertie sur le sujet traité. Le sacro-saint principe de la liberté d’expression constitue également un bouclier pour ces propagateurs de fake news dont les ouvrages sont finalement laissés au seul jugement de l’opinion. L’amplification de la désinformation n’en est que plus grande.