Le jeune rappeur secoue le monde du showbiz américain par ses prises de position en faveur des minorités sexuelles et sa façon dont se jouer des détracteurs.
Audacieux, inventif, provocateur. Ainsi pourrait-on qualifier la jeune carrière de Lil Nas X dans la musique. Mais tous ces qualificatifs ne se résument-ils pas en un seul terme, en l’occurrence doué ? Il faut en effet être doué pour traverser autant de polémiques en si peu de temps et parvenir à en tirer parti chaque fois. Car à l’image de son enfance qu’il qualifie de chaotique, l’entrée en scène du jeune homme de 22 ans dans le monde de la musique n’a pas été de tout repos.
En 2019 alors inconnu du grand public, il sort le titre « Old Town Road », qui mêle le rap au country. Succès garanti. La chanson est propulsée en tête des ventes aux États-Unis plusieurs semaines de suite avant que Billboard ne le sort, non sans tollé, de son classement réservé au country sous la pression de certains puristes du rythme musical. Il en faut toutefois plus pour décourager Nas qui en sort quelques jours plus tard, une nouvelle version. Comme un pied de nez au magazine américain, il se fait accompagner de Billy Ray Cyrus, star incontestée de la country. Billboard reste indifférent. Mais les deux tubes poursuivent leur percée.
Coming out
Un mois après Old Town Road, Lil Nas révèle publiquement son homosexualité lors d’un concert de Miley Cyrus en marge de la Gay Pride. Une sortie courageuse pour un jeune homme élevé dans la chrétienté et dont le père jouait du gospel, de surcroît. D’autant que le milieu de la musique américaine reste encore peu tolérant envers les minorités sexuelles. Nombreux sont en effet les artistes à se gargariser de textes ouvertement homophobes.
L’épisode semble lui voir donné de l’entrain. L’activisme de Montero Lamar Hill – son vrai nom – en faveur des LGBTQ+ s’en est effet vu décuplé. Sur les réseaux sociaux, mais surtout grâce à sa musique mise volontiers au service de cette cause. Comme dans le clip du titre Montero (Call Me By Your Name) où on le voit déguiser en strip-teaseur, se trémousser pour le diable. Une scène métaphorique concernant le sacrifice des minorités sexuelles en butte au regard de la société.
La polémique qui s’en suit ne l’entrave pas, pas plus que le contentieux avec Nike né des « baskets du diable » qu’il lance dans la foulée du clip. « Je veux exister », affirme-t-il dans les colonnes du Wall Street Journal à l’heure d’un premier album, Montero, pleine de promesses.