Diamants russes : De Beers s’interroge sur l’applicabilité des sanctions du G7

Al Cook, le PDG du groupe De Beers, a exprimé ses inquiétudes sur la mise en œuvre des sanctions du G7 contre les diamants russes. Il se demande si le système de traçabilité annoncé permettra à  un agent des douanes moyen d’identifier correctement ces diamants russes.

Après plusieurs mois de discussions, le G7 a interdit, le 1er janvier 2024, la commercialisation des diamants russes sur les marchés européen et américain jusqu’à nouvel ordre. Objectif : assécher l’une des principales sources de financements de la guerre de Moscou contre l’Ukraine.

5 milliards de dollars de diamants vendus par la Russie en 2021

En effet, les diamants représentent la troisième ressource d’exportation de la Russie derrière le gaz et le pétrole. En 2023, ces pierres précieuses auraient permis de financer indirectement le conflit en Ukraine à hauteur de 1 milliard d’euro. Selon l’Observatoire de la complexité économique du Massachusetts Institute of Technology (MIT), la Russie a exporté près de 5 milliards de dollars de diamants en 2021. Une somme conséquente.

Alrosa, géant minier russe, paie le prix fort de l’invasion russe

Au moins 90 % de la production nationale russe vient des mines du géant Alrosa, premier producteur mondial avec 30 % de part de marché (avant la guerre). Cette compagnie minière dirigée par un proche de Vladimir Poutine a également été sanctionnée par l’Union européenne (UE). Elle est désormais inscrite sur sa liste noire tout comme sur celle des Etats Unis.

De Beers a des doutes sur la faisabilité du projet du G7

Mais comment l’UE et le G7 comptent-ils identifier les pierres russes pour les séparer des autres ? Réponse : les dirigeants occidentaux misent sur une solution de traçabilité basée sur la blockchain. Ce système de suivi sera adopté en septembre 2024. Aucun détail n’a encore été donné à son sujet, mais les acteurs du diamant se posent mille et une questions. A l’image de De Beers, deuxième producteur mondial de diamants bruts avec 28% de part de marché.

De Beers réclame une solution de traçabilité robuste

Son PDG AI Cook a exprimé des doutes sur l’efficacité du système de suivi prochainement déployé pour appliquer les sanctions. Il se demande si cette solution sera assez solide pour permettre à « l’agent des douanes moyen de regarder un diamant et un autre diamant et de dire : ‘C’est le russe’ ». Le dirigeant britannique interpelle donc sur la nécessité de choisir une technologie de traçabilité vraiment robuste.

Tracr, la plateforme de suivi de De Beers, une bonne candidate

Comme Tracr, une solution développée par De Beers. Cette plateforme utilise la blockchain pour confirmer l’authenticité et la provenance de 100 % des diamants, contre 20% seulement obtenu dans le secteur à ce jour. Elle offrirait une transparence sur toute la chaîne, depuis l’extraction jusqu’à la commercialisation. En octobre 2023, le groupe minier a recruté une société de lobbying de Washington pour vendre cet outil auprès des décideurs politiques américains.

Une alliance avec Sarine pour une solution dopée à l’IA 

De Beers a également annoncé une alliance avec Sarine, un leader des technologies pour l’industrie du diamant, dans le but de développer une solution complète et évolutive dopée à l’intelligence artificielle. La filiale d’Anglo American espère proposer ce système plus efficace afin de détecter efficacement les diamants russes et les exclure du marché européen. De Beers, qui s’évertue à ne pas inclure les pierres russes dans son portefeuille, semble mieux placer pour aiguillonner les politiques occidentaux.

Mettre fin au contournement pratiqué par les pays-écrans

La solution de traçabilité annoncée par l’UE et le G7 devrait non seulement tracer les diamants en provenance de Russie, mais également ceux qui passent par d’autres Etats pour arriver à Anvers. La ville portuaire belge est la plaque tournante du commerce du diamant avec 84 % des diamants bruts et 50 % des diamants polis du monde passant par son port. Elle souhaite mettre fin au commerce de certains pays-écrans comme l’Inde qui achètent des pierres russes pour les revendre en Europe et aux Etats Unis comme les siennes.

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