La mini-série américaine créée par Lauren LeFranc et centrée sur le personnage du Pingouin de DC Comics, mobilise le public depuis son lancement il y a moins d’un mois.
10,4 millions de vues en une douzaine de jours, puis 1,6 million de vues en 24 heures à peine. Il n’y a pas de doute : les débuts des deux premiers épisodes de « The Penguin » font un carton plein, allant jusqu’à surpasser des séries cultes, dont « Succession » ou encore « The White Lotus ».
Ce succès fulgurant ne doit rien au hasard. La créatrice Lauren LeFranc a mis le paquet dans cette nouvelle déclinaison de la célèbre saga « The Batman ». Plutôt que de s’attarder sur les justiciers en cape, la série de huit épisodes plonge dans les entrailles ô combien flippantes de Gotham, ville réputée pour ses nombreux crimes.
Au cœur de ce maelström, l’inénarrable Oswald « Oz » Cobblepot alias Le Pingouin. Ce personnage moqué pour sa difformité et sans doute un peu sous-estimé aussi dans ses ambitions de s’établir comme roi de la pègre, joue magistralement son rôle.
Un anti-héros à la hauteur
À cet effet, le personnage a été confié Colin Farrell, dont la performance est en tout point saisissante. Loin des clichés du genre, ce dernier incarne un criminel complexe, à la fois brutal et vulnérable.
L’acteur irlandais, transformé par un maquillage à la fois prodigieux et fastidieux (au moins trois heures de travail selon lui), insuffle une profondeur inattendue à son personnage, rappelant les grands malfrats du cinéma tout en apportant une touche résolument contemporaine.
« Ça m’a choqué, c’est un voyage sombre dans la psychologie de ce personnage. À bien des égards, c’est la descente dans la psychopathie« , a admis Farrell, dans une récente interview à Franceinfo, à propos du Pingouin.
Un reflet de notre société ?
Il dépeint son personnage comme nihiliste, ne trouvant aucun sens profond à la vie au-delà de relations personnelles finalement tordues. Son unique motivation semble être de servir uniquement ses propres intérêts, quitte à écraser tous ceux se mettant en travers de son chemin, celui de surpasser Carmine Falcone, le légendaire parrain de la mafia assassiné.
Plus qu’un simple divertissement, la série dresse un portrait au vitriol de notre époque. La violence y est omniprésente, mais jamais gratuite. Chaque acte brutal, chaque machination révèle les rouages d’une société gangrenée par la corruption et les inégalités.
Colin Farrell excelle dans ce registre, alternant entre froideur calculatrice et emportements terrifiants. Pourtant, l’acteur parvient à susciter une forme d’empathie, notamment à travers la relation ambiguë qu’entretient son personnage avec un jeune protégé.
La quête effrénée de pouvoir de Cobblepot résonne quelque peu comme un écho glaçant, mais réel, aux dérives de notre monde.