Les danseuses de l’institution culturelle française vont reprendre la danse après une semaine de grève sur fond de revendication persistante à propos de leur temps de préparation.
Le rideau se lève à nouveau sur l’Opéra de Paris. Le mouvement de débrayage qui paralysait ce conservatoire des arts de scène depuis le 5 décembre dernier a pris fin jeudi 12, comme Matthieu Botto, délégué central CGT et danseur dans la compagnie, en a informé l’AFP.
« Cette décision témoigne d’un esprit de responsabilité et d’une volonté de privilégier le dialogue et l’intérêt collectif et la direction reste mobilisée pour y répondre », a estimé de son côté l’équipe dirigeante citée toujours par l’agence de presse.
Cela devrait mettre un terme à la saignée financière qui menaçait l’Opéra alors que la grève avait conduit à l’annulation de plusieurs spectacles majeurs, dont quatre représentations du ballet « Paquita » de Pierre Lacotte à l’Opéra Bastille et une représentation de « Play » du chorégraphe Alexander Ekman au Palais Garnier.
Une vieille revendication
Soit un préjudice respectif de 260 000 euros et de 150 000 euros par soirée en raison du nombre considérable de danseurs nécessaires – entre 50 et 100 – pour chaque spectacle.
Au cœur des revendications se trouve une question cruciale, mais souvent méconnue du grand public : le temps de préparation des danseurs avant les spectacles. Cette période ô combien importante pour prévenir les blessures et assurer une performance optimale est estimée à environ deux heures par danseur, dans le cas d’espèce.
Mais elle n’est pas suffisamment valorisée, selon la CGT. « Comme pour les sportifs de haut niveau, notre corps doit rester chaud avant une performance. On doit se préparer, s’échauffer, or cela prend du temps », estimait d’ailleurs Matthieu Botto sur le plateau de France Télévisions, cité par la RTBF.
Une fin d’année toujours menacée
La situation est d’autant plus désespérante pour les danseurs que les négociations patinent depuis février 2023. L’impasse aura conduit à l’annulation de Paquita par la direction opposée, d’après un communiqué des interprètes rapporté par le journal Le Monde, d’une rallonge d’une heure trente sur le temps de démarrage du spectacle.
Malgré la présente accalmie, de nouvelles tensions pointent à l’horizon. Le syndicat Sud, qui ne participait pas aux négociations actuelles, a indiqué dans la foulée de la suspension du mouvement d’humeur, avoir déposé un préavis de grève pour la période du 19 au 31 décembre 2024.
Plus inquiétant, ce nouveau mouvement s’étend bien au-delà du corps de ballet, avec objet de revendication, l’insuffisance des effectifs. De quoi possiblement impacter les fêtes de fin d’année, période traditionnellement prolifique pour les institutions culturelles en générale. L’avenir même du dialogue social au sein de l’institution est plus que jamais en jeu.