L’œuvre rendant hommage au chanteur Georges Brassens sur les murs du métro parisien est menacée par les travaux de réfection de l’infrastructure de transports.
« Sauver les trois mosaïques de Georges Brassens ». Tel est l’intitulé d’une pétition récemment lancée par l’association « Racines du 93 ». Le texte qui a déjà recueilli à ce jour plus de 7000 signatures, appelle à empêcher la disparition de ces œuvres d’une rare créativité.
Fruit d’une collaboration entre les artistes Pepsy et Michel L’Huillier, avec leur fille Mathilde, il s’agit de trois pièces présentant respectivement, comme décrit dans l’objet de la pétition : un portrait du chanteur Georges Brassens, une pipe dans la bouche, un lilas en fleur rose et un autre en bleu.
Plus qu’un simple musicien, Brassens (1921-1981) incarnait également le poète et le philosophe populaire, créant un style unique qui influence encore aujourd’hui la culture française. L’artiste connu pour sa moustache est notamment l’auteur du titre « Les Lilas », sorti dans les 1950.
Le nom évoque la Porte des Lilas, lieu emblématique de Paris. Le caractère unique de ces œuvres tient à leur composition à travers la technique de la mosaïque, un art ancestral consistant à assembler de petits morceaux de matériaux colorés pour former une image.
Un patrimoine otage de la modernité ?
Dans le métro parisien, cette technique est rarissime, ce qui donne à ces œuvres une valeur patrimoniale exceptionnelle. Mais tout cela pourrait bientôt faire partie du passé. En cause, les travaux de rénovation de la ligne 11, à l’origine des problèmes d’infiltration dans la station.
La RATP, gestionnaire du réseau, affirme au journal Le Parisien que la présence des mosaïques compromet l’étanchéité des murs, rendant leur retrait potentiellement nécessaire. Elle parle même d’une « conservation impossible sur place ».
De quoi susciter une forte résistance de la part des défenseurs du patrimoine culturel. Michel L’Huillier aujourd’hui âgé de 85 ans, conteste vigoureusement la nécessité de détruire ces œuvres. « On va mettre M. Brassens à la poubelle« , déplore-t-il.
À la recherche de solutions innovantes
L’artiste note que les mosaïques demeurent « absolument intactes » alors que le reste de la station montre des signes de dégradation, donnant « un mois » à l’entreprise pour des propositions dans le cadre de la préservation des ouvrages.
À cet effet, l’association Racines du 93, par l’intermédiaire de son président Sylvain Oerlemans, suggère d’après BFMTV, des solutions alternatives innovantes, comme l’utilisation de résines spéciales injectées dans la voûte pour assurer l’étanchéité tout en préservant les mosaïques.
La RATP assure également rechercher activement des solutions pour « préserver la mémoire de ce patrimoine ». La société évoque notamment la possibilité de documenter photographiquement les œuvres ou d’imaginer de nouvelles interventions artistiques en hommage à Brassens.