La ministre de la Culture propose 30 mesures pour redonner le souffle à l’architecture hexagonale. L’initiative suscite autant d’espoir que de scepticisme.
Une décennie après la précédente, l’architecture nationale française va connaître une nouvelle politique, sous la houlette de la ministre de la Culture Rachida Dati. Celle-ci a ainsi présenté sa Stratégie nationale pour l’architecture (SNA), mardi 4 février dernier, en présence de différents acteurs du secteur.
Cela fait référence à un condensé d’une trentaine de mesures destinées à revitaliser une industrie en proie à de multiples difficultés. Comme l’indique le journal Le Monde, l’inclinaison de la commande publique de plus en plus vers le privé participe de l’érosion de l’intervention des architectes.
Ces maîtres d’oeuvre se retrouvent en effet coupés du domaine public, dont ils devraient pourtant façonner le cadre au-delà des simples considérations techniques, consistant à la construction des bâtiments. À cela s’ajoute la multiplication des contraintes réglementaires, qui entravent l’influence des architectes.
Le ministère de la Culture dont une sous-direction rattachée à la direction du patrimoine gère la profession est aussi régulièrement pointé du doigt par les acteurs de l’enseignement, notamment pour défaut de moyens.
Les clés de la transformation
La SNA embarque ainsi des mesures englobant tous les pans de cette industrie. Cela va de la transformation des Journées nationales de l’architecture en leviers d’imprégnation de la culture architecturale dans la société ; au renforcement des engagements au sein du nouveau Bauhaus européen.
Le but étant, d’après la restitution de la Stratégie par Le Monde, de mieux positionner l’architecture hexagonale en Europe, à travers ce mouvement créatif et interdisciplinaire combinant durabilité, esthétique et inclusivité dans le cadre de l’Union européenne.
Face à l’urgence climatique, la ministre affirme la vocation des architectes à devenir « chefs de file de la transition énergétique ». La stratégie met l’accent sur la réhabilitation plutôt que la construction neuve. De quoi encourager le développement de matériaux biosourcés et de solutions adaptées aux spécificités climatiques locales.
Les grands défis du projet
Rachida Dati met par ailleurs l’accent sur l’enseignement, avec une ambition marquée pour une augmentation de 20% du nombre d’étudiants en architecture sur les dix prochaines années.
Cette mesure phare s’accompagne d’une refonte de la formation en privilégiant l’apprentissage par la pratique et le renforcement des liens avec le monde professionnel.
Projet ambitieux s’il en est, mais dont le financement reste une énigme, comme l’a relevé Le Monde. Si la profession se réjouit de compter enfin parmi les priorités des autorités publiques, beaucoup s’interrogent sur la capacité réelle de ces mesures à transformer le secteur sans engagement budgétaire clair.
Le journal met également en avant les risques potentiels de friction concernant la réduction envisagée par le ministère des cours théoriques.