The Art of the Deal, le livre-talisman de Donald Trump

L’ouvrage rédigé par Tony Schwartz à l’initiative de Donald Trump il y a près de 40 ans aide à mieux comprendre le style de gouvernance du président américain.

Certains ont comme référence « L’art de la guerre » de Sun Tzu. Chez Donald Trump et ses partisans en revanche, on préfère « The Art of the Deal » (L’art du deal, en français). Le livre publié en 1987 par le président américain, mais dont Tony Schwartz est le véritable rédacteur, fait aujourd’hui quasiment office de bible dans l’entourage du locataire de la Maison Blanche.

À tel point que tous ou presque s’en servent pour légitimer ses actions, même les plus difficilement compréhensibles pour le commun des mortels. Comme si chacune des décisions du dirigeant américain obéissait à une symphonie savamment orchestrée.

Ainsi, la suspension de 90 jours décrétée le mois dernier à propos des tarifs douaniers précédemment imposés par le successeur de Joe Biden n’aurait surtout rien à voir avec l’effondrement de la Bourse ou une quelconque reculade de sa part.

La manœuvre serait plutôt sortie tout droit de « The Art of the Deal« . À l’instar des 600 milliards de dollars de contrats conclus cette semaine par l’intéressé au profit des États-Unis en marge de son déplacement en Arabie saoudite.

À l’origine, une idée marketing

Quel est donc ce livre dont même le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se serait inspiré ? La réponse tient en un mot : marketing. D’après son auteur, l’objectif était moins de fournir une œuvre authentique et véridique que de créer une image positive de Donald Trump vis-à-vis du public.

D’autant que le président, alors en difficulté financière dans les affaires (avec d’importantes pertes d’argent), avait grand besoin de redorer son blason. Quelques phrases extraites de l’ouvrage, écrit en échange de 250 000 dollars pour Schwartz et de la promesse de recevoir la moitié des royalties, illustrent ce besoin de nourrir un mythe.

« Je joue sur les fantasmes des gens. Les gens ne voient pas toujours les choses en grand eux-mêmes, mais ils peuvent encore être très excités par ceux qui le font. C’est pourquoi un peu d’exagération ne fait jamais de mal », peut-on lire dans le livre.

Du bestseller à la doctrine politique

« La meilleure chose que vous puissiez faire est de négocier depuis une position de force, et le levier est la plus grande force que vous puissiez avoir. Le levier, c’est avoir quelque chose que l’autre veut. Ou mieux encore, dont il a besoin. Ou mieux que tout, dont il ne peut tout simplement pas se passer« , écrit encore Tony Schwartz pour Donald Trump, lequel déclarait en février à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que son pays n’avait pas les cartes en main dans le cadre des négociations avec la Russie.

« À l’époque où j’écrivais The Art of the Deal, je me disais qu’il s’agissait du livre d’un promoteur immobilier modérément connu. S’il ment, qui s’en soucie ?« , confessait l’auteur il y a quelques années à propos d’une œuvre centrée largement sur l’exagération et les hyperboles.

Depuis, la formule « art of the deal » est devenue un élément central de la communication politique de Trump, lequel se soucie sans doute peu de l’opinion des gens sur sa personne, comme le recommande le livre. « L’essentiel est qu’on parle de vous ».

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