Après plus d’une décennie d’exil forcé, les précieux manuscrits de la cité historique malienne ont retrouvé le chemin de leur ville natale.
« Tombouctou à travers ses mosquées et ses universités était une bibliothèque à ciel ouvert dont la vocation était l’éducation, la diffusion et la transmission du savoir ». Pour la maire adjointe de Tombouctou, Diahara Touré, les manuscrits sont indissociables de l’identité culturelle de la ville.
Le lundi 11 août 2025 a en effet marqué le retour de ces documents dont l’histoire est intimement liée à cette localité du nord du Mali, distante de plus de 700 kilomètres de Bamako, la capitale, après 13 ans d’attente.
Ces trésors de papier, témoins silencieux de siècles de savoir et de culture islamique, avaient été évacués dans l’urgence en 2012, alors que les groupes jihadistes radicaux liés à Al-Qaïda menaçaient de les réduire en cendres, comme ils l’avaient fait avec les mausolées de la ville.
Selon les experts des Nations Unies, plus de 4 000 manuscrits anciens furent détruits après la prise de contrôle de la ville par ces islamistes. Leur avancée fut stoppée in extremis par l’opération militaire française « Serval », déclenchée sous la présidence de François Hollande.
Un patrimoine culturel unique au monde
Grâce au courage et à la détermination de gardiens dévoués et de simples citoyens, plus de 27 000 ouvrages ont pu être sauvés, d’après TV5 Monde, dans des conditions souvent périlleuses. Ces héros anonymes n’hésitèrent pas à transporter les précieux documents dans des sacs de riz, en moto ou dans des véhicules tout-terrain.
L’opération de retour a permis le rapatriement de plus de cinq tonnes de manuscrits lors de cette première phase. Le reste de la collection devrait être rapatrié dans les mois à venir, selon un calendrier établi par les autorités.
Interrogé par RFI, Alpha Saleh, représentant de l’ONG Sauvegarde et valorisation des manuscrits pour la défense de la culture islamique, considère que la journée du 11 août 2025 représente la victoire d’une résistance culturelle qui a su préserver l’héritage intellectuel de l’Afrique de l’Ouest face aux menaces obscurantistes.
Une renaissance symbolique pour Tombouctou
« Je suis très content aujourd’hui parce que c’est une très bonne nouvelle de voir le retour des manuscrits et de voir que maintenant nous allons être en mesure d’aller au centre Ahmed Baba et continuer nos recherches et continuer à apprendre de nos manuscrits sur l’histoire de l’Afrique« , a confié à TV5 Monde, un chercheur local.
Si ce retour constitue indéniablement une victoire, de nombreux défis demeurent. La situation sécuritaire dans la région reste fragile, et la protection de ces documents précieux nécessitera des mesures de sécurité renforcées.
Par ailleurs, les conditions de conservation devront être optimisées pour garantir la préservation à long terme de ces témoignages historiques.