Le film dramatique centré sur l’histoire de cette jeune fille palestinienne de six ans tuée après sa famille par l’armée israélienne alors qu’elle appelait au secours les services d’urgence, a bouleversé le public du Festival de Venise. Le jury lui a décerné le Lion d’argent.
Le 82e Festival international du Film de Venise s’est achevé ce dimanche 7 septembre dans un mélange de glamour hollywoodien propre à ce genre d’événements, et d’engagement politique. Le grand rendez-vous cinématographique a couronné des œuvres qui ont su repousser les limites artistiques tout en abordant des sujets sociétaux cruciaux.
Dans ce registre, la guerre en cours à Gaza résonne particulièrement. Illustration dramatique de cette situation de terreur où le monde semble perdre la tête, le film « The Voice of Hind Rajab » a ainsi été récompensé du Lion d’argent.
Il s’agit du minimum, tant ce long métrage de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania a bouleversé le public lors de sa première projection presse plus tôt dans la semaine, jeudi 4 septembre.
À tel point que, lorsque les crédits ont défilé à l’écran, l’audience s’est levée d’un seul mouvement pour offrir une ovation debout qui a duré exactement 23 minutes, un record pour cette édition de la Mostra de Venise.
Un cri d’alarme dans le désert
Au cœur de cette œuvre dévastatrice se trouve l’histoire vraie d’Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans dont les derniers instants de vie ont été captés par les enregistrements audio de la Croix-Rouge palestinienne.
Le 29 janvier 2024, bloquée dans une voiture criblée de balles après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur sa famille près d’une station-service, Hind supplie désespérément, pendant plus de 3h d’horloge, les secours de venir la sauver.
Autour d’elle, les corps sans vie de sa tante, son oncle et ses quatre cousins. Dans sa voix d’enfant, une peur abyssale de l’obscurité et une incompréhension totale face à l’horreur qui l’entoure. « Tiens bon ! », ne cessaient de lui répéter des ambulanciers que l’armée israélienne avait laissé passer pour ensuite les bombarder, d’après une enquête du Washinton Post.
L’art comme acte politique
L’approche narrative de Ben Hania, qui privilégie le point de vue des secouristes d’urgence restés au téléphone avec Hind dans une tentative désespérée de la sauver, confère au récit une dimension humaine et universelle qui transcende le conflit géopolitique.
« C’est l’histoire tragique de tout un peuple souffrant d’un génocide infligé par un gouvernement israélien criminel qui agit avec impunité », a-t-elle déclaré à la réception du prix « dédié au Croissant Rouge palestinien et à tous ceux qui ont risqué tout pour sauver des vies à Gaza ».
« Ce sont de vrais héros. La voix d’Hind est la voix de Gaza elle-même », a déclaré celle qui a pris la décision d’abandonner ses autres projets en cours pour se consacrer entièrement à ce film.