Les principaux acteurs de l’événement protestent contre la perspective d’une fusion entre l’association fondatrice et 9e Art+, société en charge de l’organisation et en proie à plusieurs griefs.
Ils avaient promis en avril une « riposte graduée ». À l’initiative, des auteurs de bande dessinée (BD) ont désormais décidé de passer à la vitesse supérieure en agitant la menace d’un boycott du prochain Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême.
Dans une initiative sans précédent révélée jeudi 17 avril dans les colonnes du quotidien l’Humanité, environ 400 d’entre eux – dont des lauréats du Grand Prix (Anouk Ricard, Florence Cestac, Lewis Trondheim, Chris Ware…) ou encore le gagnant du meilleur album 2025, Luz – indiquent leur intention de faire l’impasse sur l’événement prévu du 29 janvier au 1er février 2026.
« Nous voulons rappeler très fermement à l’Association du FIBD que si en plus de cinquante ans d’existence, le festival d’Angoulême est devenu un événement incontournable de la BD, c’est grâce aux acteurs qui le font vivre et qui l’animent : travailleurs de la BD, auteurs, éditeurs, traducteurs, journalistes et critiques… et bien entendu les lecteurs, par leur fidélité à cet événement. Celui-ci appartient désormais à la collectivité et, à ce titre, il est d’intérêt public pour la survie de notre médium. Il serait donc inadmissible de le corseter d’intérêts personnels ou de choix autoritaires », peut-on lire dans la tribune publiée dans l’Humanité.
Un projet de fusion très controversé
À l’origine de cette fronde figure la gouvernance du Festival. Le contrat liant l’association FIBD – propriétaire de cette grand-messe culturelle – à l’entreprise 9e Art+ chargée de l’organiser depuis 2007, tacitement reconductible pour dix ans, devrait être dénoncé par le conseil d’administration de l’association ce vendredi 18 avril.
Mais rien n’indique qu’un nouvel appel d’offres sera lancé, comme le relève le journal Le Monde. L’objectif de l’association serait plutôt de fusionner avec 9e Art+ dans le cadre d’une société par actions simplifiée (SAS). De quoi permettre à l’actuel organisateur d’éviter toute concurrence et de conserver indéfiniment le festival (au moins jusqu’en 2037).
Des dysfonctionnements graves dénoncés chez 9e Art+
Cette perspective est inacceptable pour les auteurs, surtout depuis la publication fin janvier d’une enquête approfondie de L’Humanité Magazine révélant de nombreuses zones d’ombre au sein de 9e Art+.
« Déficit et endettement », « programmation subie », « dérive népotiste »… La liste des accusations révélées à l’encontre du groupe fondé par Franck Bondoux est longue comme le bras et tout aussi grave.
D’autant que cela inclut les affirmations d’une salariée du Festival licenciée après avoir déposé une plainte pour viol qu’elle aurait subi lors de l’édition 2024. « Sans nous, cette édition sera une coquille vide« , avertissent les auteurs, qui espèrent entraîner d’autres créateurs dans leur sillage dans les semaines à venir.