Hervé Le Tellier figure parmi les finalistes du Prix Goncourt 2020 avec son roman « L’Anomalie », paru en août 2020 chez Gallimard. Structuré autour de trois parties, cette œuvre pose de nombreuses questions sur la réalité du monde et la fiction à travers les destins croisés de plusieurs personnages.
Favori du Goncourt 2020
Initialement prévu le 10 novembre 2020, le Prix Goncourt sera finalement décerné le 30 novembre prochain en raison du deuxième confinement. Quatre auteurs peuvent encore remporter cette récompense littéraire : Djaïli Amadou Ama avec « Les Impatientes » (Emmanuelle Collas), Maël Renouard avec « L’Historiographe du royaume » (Grasset), Camille de Toledo avec « Thésée, sa vie nouvelle » (Verdier) et Hervé Le Tellier avec « L’Anomalie » (Gallimard). Ce dernier se positionne comme le favori pour succéder à Jean-Paul Dubois et son roman Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon (Ed. de l’Olivier).
Un livre à la fois vertigineux et facétieux
Né en 1957, Hervé Le Tellier a étudié les mathématiques et la linguiste. Il a abondamment participé à l’émission « Des papous dans la tête » sur France Culture, cofondé l’association des Amis de Jean-Baptiste Botul, et intégré l’Oulipo en 1992, auquel il a consacré un essai intitulé « Esthétique de l’Oulipo » (2006). Il est l’auteur de nombreux romans et récits dont « la Disparition de Perek » (dans la série « le Poulpe », 1997), « Je m’attache très facilement » (Prix du roman d’amour 2007), « Moi et François Mitterrand » (2016) ou encore « Toutes les familles heureuses » (2017).
Son nouveau roman « L’Anomalie », paru le 20 août 2020 aux éditions Gallimard, est structuré autour de trois parties : Aussi noir que le ciel, La vie est un songe dit-on, et La chanson du néant, trois extraits de poèmes de Raymond Queneau. Il pose, in fine, plusieurs questions sur la réalité du monde et la fiction. À la fois vertigineux et facétieux, ce livre évoque surtout les doubles vies, la gémellité, la simulation, l’inversion du temps et l’éternel retour.
Chaque individu confronté à son propre double
« Dans l’Anomalie, je gomme les structures. Il y en a deux qui restent évidentes, celle du genre avec le pastiche, le roman psychologique… Le deuxième jeu c’est celui de la multiplicité de personnage. Il faut des axes, des arches fortes pour ne pas perdre le lecteur. Le livre est conçu comme une tresse, chacun des personnages est lié à une couleur. Avec un personnage en ligne droite, le tueur, l’axe central. Et Miesel, qui tourne tout au long, qui va devenir le fil narratif », commente Hervé Le Tellier.
« Chaque individu est confronté à son propre double. J’avais envie d’avoir beaucoup de personnages. Depuis longtemps je voulais inscrire un livre dans différents genres. J’avais tous ces personnages à manipuler, chacun relevant d’un genre littéraire différents, dans un roman avec un » S » pour traiter toutes les situations possible face à cette duplication », ajoute le romancier.
Que raconte l’œuvre de Le Tellier
Organisé comme un roman de romans, entremêlant plusieurs histoires, « L’Anomalie » se déroule en juin 2021. L’oeuvre évoque un vol, celui d’un Boeing 787 d’Air France de la ligne Paris-New York. L’appareil, qui vient de traverser un immense cumulonimbus supercellulaire et est abîmé par une tornade de grêlons, se voit refuser l’atterrissage à Kennedy Airport.
Dirigés vers une base militaire, ses 243 passagers font l’objet d’un curieux interrogatoire. Qui sont-ils ? Des imposteurs, des doubles, des revenants ? se demande-t-on. En effet, trois mois plus tôt, le même vol Air France 006, pareillement endommagé, piloté par le même commandant et avec à son bord ces mêmes passagers, avait atterri à l’aéroport de JFK.
Différents destins et personnages
Parmi les nombreux personnages du roman on note Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles et surtout Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.