La série qui revendique désormais le plus gros démarrage de l’histoire sur Netflix doit sa réussite au génie de son créateur, mais également à un positionnement culturel de longue haleine entrepris par Séoul.
Il est passé en l’espace de quelques jours, du contenu le plus regardé dans plus de 70 pays à la série la plus suivie de tous les temps sur Netflix en moins d’un mois. Avec ses 111 millions de visionnages en 27 jours, Squid Game éjecte du trône Bridgerton et ses 82 millions de vues en 28 jours, selon l’annonce du leader mondial du streaming sur Twitter, mercredi 13 octobre.
Un tel succès constitue incontestablement une reconnaissance du talent du réalisateur, Hwang Dong-hyuk. Le scénariste de 50 ans détonne à travers le jeu de ses acteurs et sa capacité à maintenir le téléspectateur accroché jusqu’à son terme. Soit à peu près l’essentiel de la recette d’une bonne œuvre cinématographique. Mais sa persévérance se voit également récompenser. Car si Squid Game a été lancé sur Netflix le 17 septembre, son scénario était ficelé depuis 2009. L’auteur n’a jamais pu le projeter à l’écran faute de financement.
La culture comme levier de développement
Mais il serait malhonnête de limiter le succès fulgurant de Squid Game uniquement au savoir-faire de son géniteur qui, faut-il le rappeler, n’en est pas à son coup d’essai en matière de création cinématographique appréciable.
En réalité, la série est la retombée d’une entreprise sud-coréenne savamment orchestrée par les gouvernements successifs du pays depuis les années 1990. La Corée du Sud qui a connu les affres de la colonisation par le Japon 90 ans plutôt avait alors décidé d’ériger sa culture en un levier d’influence au-delà de ses frontières, signe d’une conviction selon laquelle l’empreinte culturelle d’une nation est aussi importante que son essor économique. S’en sont suivis des années de subvention d’envergure (500 millions de dollars par an au ministère de la Culture, selon le Figaro) de la part de l’État et l’exode d’une génération d’acteurs pour s’aguerrir dans les plus grandes industries culturelles mondiales. À l’instar de Hwang Dong-hyuk, ancien pensionnaire de la célèbre université de Californie du Sud.
Début d’une vague
Le résultat résonne tout seul. Ces dernières années, la Corée du Sud a enrichi le monde culturel de ses œuvres, allant de l’émergence du groupe de K-Pop, BTS, au couronnement du film Parasite à Cannes en 2019. Une liste non exhaustive de succès que rejoint désormais Squid Game. La série ne devrait pas être le dernier sur ladite liste, selon le chroniqueur de France Inter, Pierre Haski.