La première sélection du prestigieux prix littéraire est entachée par la présence d’une œuvre dont l’auteur n’est autre que le conjoint de l’un des membres du jury.
C’est une affaire que l’Académie Goncourt essaie de minimiser, mais dont les ressorts devraient à tout le moins empiéter sur l’image du célèbre prix littéraire français. La première présélection de cette récompense récemment dévoilée est en effet porteuse d’un germe de conflit d’intérêts impliquant un des jurés, en l’occurrence Camille Laurens. La romancière admise à l’Académie Goncourt l’année dernière seulement voit « Les enfants de Cadillac », l’œuvre de son conjoint François Noudelmann figurer parmi dans la liste.
Selon le président de l’Académie, Didier Decoin, le roman concerné a été plébiscité par une majorité de jurés pour son contenu. Il ajoute dans les colonnes de France inter que ce n’est qu’après coup que les membres ont découvert les liaisons existantes entre son auteur et Camille Laurens. Pourtant, le même site d’information indique que le cas du livre « Les enfants de Cadillac » faisait l’objet d’une attention particulière dès le début de l’été.
Décision assumée, mais…
Quoi qu’il en soit, était-il trop de retirer le roman de la sélection une fois avoir pris connaissance de la relation de son auteur avec la jurée ? Certainement pas, à en croire Didier Decoin qui met la qualité de l’ouvrage au-dessus de toute autre considération, y compris celle d’une apparence de conflit d’intérêts. L’œuvre soumise au vote du jury a obtenu l’assentiment de la majorité. Le sentiment général étant qu’un bon livre ne devrait pas être pénalisé pour des soupçons de favoritisme, ajoute le président de l’Académie Goncourt.
Reste que la présence du roman parmi cette première présélection ne manque pas de faire tache au sein de l’opinion. D’autant que Camille Laurens pourrait être soupçonnée d’un autre conflit d’intérêts vis-à-vis d’Anne Berest. L’autrice dont le livre « La carte postale » est également en lice pour le Goncourt, a fait l’objet d’une critique à la limite de l’acharnement de la part de la jurée dans sa chronique littéraire du 16 septembre au journal Le Monde.
Malaise au sein de l’Académie
Les termes utilisés étaient si acerbes que certains s’interrogent les visées non dévoilées de Camille Laurens. Userait-elle d’une stratégie destinée à discréditer un ouvrage concurrent de celui de son conjoint, mais dont le succès est tangible aussi bien en librairie que dans la presse ?
Dans tous les cas, le président de l’Académie goûte peu le fait qu’une œuvre choisie par son jury subisse pareil sort de la part de l’un de ses membres.