China Rare Earth Group : quels résultats quatre mois après la consolidation ?

 

En décembre 2021, la Chine a créé le géant minier China Rare Earth Group par la fusion des principaux producteurs de terres rares du sud du pays. Ce conglomérat devait permettre à la deuxième puissance économique d’atteindre certains objectifs. Près de quatre mois plus tard, qu’en est-il ?

Les Big Six plus deux sociétés de recherche

Le 23 décembre 2021, la Chine a donné naissance à un géant minier baptisé China Rare Earth Group Co. Ltd après la fusion des principaux producteurs de terres rares du sud. Il s’agit principalement des anciens Big six du secteur (Chinalco Rare Earth & Metals, China Southern Rare Earth Group, China Minmetals Corporation, Ganzhou Rare Earth Group Co, Jiangxi Ganzhou Rare Metal Exchange et Ganzhou Zhonglan Rare Earth New Material Technology) rejoints par deux sociétés de recherche que sont China Iron & Steel Research Institute Group et Grinm Group Corporation Ltd. La nouvelle mega-entreprise pèse pour environ 70% de la production nationale de terres rares lourdes.

Une arme redoutable dans la guerre commerciale 

China Rare Earth Group devrait permettre à la Chine de stabiliser les chaînes de production et d’approvisionnement locales, d’accroitre sa compétitivité, de renforcer sa domination sur le secteur et d’augmenter son pouvoir de fixation des prix. Quatre mois après la création de ce conglomérat, l’on constate une certaine consolidation de la production grâce à la mise en place d’un quota de production en remplacement du quota d’exportation.

L’empire du milieu a également pu renforcer sa domination puisque le géant China Rare Earth Group, directement administré par Pékin, fournit l’essentiel des approvisionnements mondiaux des terres rares. Les autorités chinoises disposent ainsi d’un puissant levier de pression dans leur guerre commerciale avec Washington et Bruxelles. En effet, elles pourraient faire plier les Etats Unis et l’Union européenne (UE) qui dépendent respectivement à 80 et 90% de la production chinoise. Leurs industries de pointe ont fortement besoin des terres rares, cet ensemble de 17 métaux stratégiques.

Les entreprises nationales plus compétitives 

Par ailleurs, la Chine gagne en compétitivité à l’international. Ses géants comme China Rare Earth Group ont dorénavant la possibilité de lever plus rapidement des fonds auprès de banques publiques nationales à des taux préférentiels. Par conséquent, ils  peuvent facilement avaler des concurrents étrangers comme Ganfeng Lithium l’a fait en 2021 avec le producteur britannique de lithium Bacanora.

Avec la création de China Rare Earth Group, Pékin cherchait surtout à avoir plus de contrôle sur les prix et les revaloriser. En effet, depuis plusieurs années, il y a un véritable désordre dans l’industrie des terres rares chinoise à ce niveau. Chaque acteur imposait ses tarifs. Ce qui donna lieu à une concurrence intense qui provoquait des pertes de recettes. Avec son conglomérat, la Chine pouvait désormais avoir une influence sur la fixation des prix et mieux les contrôler.

Vers une consolidation des groupes miniers du nord ?

Mais les autorités ont constaté, début mars, que une dangereuse flambée des prix. Elles ont donc convoqué les trois grands groupes pour leur demander de réglementer leur exploitation et leur commerce, et d’empêcher toute spéculation boursière ou thésaurisation sur le marché. Ce sont China Rare Earth Group, China Northern Rare Earth Group et Shenghe Resources.

Le gouvernement les a exhortés à mettre en place un mécanisme de tarification des produits de terres rares et à ramener conjointement les prix dans une fourchette raisonnable. Surtout ceux du dysprosium, du terbium et du néodyme qui ont grimpé de 50%. Cette hausse significative pourrait pousser Pékin a accéléré son projet de fusion des groupes miniers du nord, après celles du sud.

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