Au cours de son intervention au colloque « Les cinq piliers de la santé du futur », Laurent Borella, directeur santé de Malakoff Humanis, a appelé à renforcer la prévention santé en France, en particulier dans les entreprises. Cela permettrait notamment de réduire considérablement l’absentéisme, qui a un coût pour l’employeur et l’assureur.
Le quotidien économique et politique L’Opinion a organisé, le 27 septembre 2022, une conférence intitulée « Les 5 piliers de la santé du futur » à la Maison des travaux publics (Paris 8e). Il a réuni pour l’occasion un panel d’experts, dont des dirigeants de mutuelle, des médecins, des ingénieurs et des élus.
La France, l’un des plus mauvais pays en matière de prévention
Parmi eux figurait Laurent Borella, directeur santé de Malakoff Humanis, premier assureur santé en collective de France. Il est intervenu sur le thème « Renforcer la prévention en entreprise, un impératif » avec Laurence Breton-Kueny, DRH du groupe Afnor, et le député (MoDem) du Rhône Cyrille Isaac Sibille. Il a relevé d’emblée que la France est l’un « des plus mauvais pays du monde en matière de prévention » et que « la prévention est le parent pauvre de notre système de santé ».
Le dirigeant souhaite que cette approche fasse l’objet de plus d’attention car elle contribue à réduire les dépenses publiques en matière de santé. Il invite concrètement à élargir le champ sanitaire de la prévention, en l’inscrivant dans la vie quotidienne comme dans le milieu professionnel. Aussi, souhaite-t-il que l’Etat investisse davantage dans la promotion des métiers de prévention au même titre que ceux des soins.
Prévention primaire, secondaire et tertiaire
Laurent Borella précise que cette prévention doit être triple. D’abord primaire, c’est-à-dire se fondant sur l’apprentissage d’un style de vie propice à la santé (addiction, nutrition, etc.). Ensuite secondaire, avec la détection précoce des pathologies. Puis tertiaire en intégrant le suivi et la stabilisation des pathologies chroniques.
Le directeur santé de Malakoff Humanis se réjouit que les entreprises soient de plus en plus conscientes de cet enjeu. Les DRH, en particulier, sont demandeurs d’action de prévention au sein de l’entreprise, autant sur les risques professionnels que sur les risques salariés. C’est ce qu’indique une étude menée par Malakoff Humanis auprès de 20.000 de ses moyens.
Pour une logique de responsabilisation du salarié
Cette prévention au sein des entreprises, Laurent Borella la veut individualisée pour obtenir de meilleurs résultats. « Si aujourd’hui on parle de médecine personnalisée, il faut également faire de la prévention personnalisée car il y a des déterminants sociaux (le lieu de vie, les catégories socio-professionnelles) et des déterminants constitutionnelles (des maladies génétique, des problèmes cardiovasculaires, etc.) », relève-t-il.
Aussi, appelle-t-il à passer d’une logique punitive (des messages moralisants du type « fumer provoque le cancer ») à une logique de responsabilisation du salarié notamment par la motivation au sein de l’entreprise (des rencontres entre salariés pour aborder les risques, par exemple).
Mon Bilan cardio, un outil à la disposition des entreprises
Pour sa part, Malakoff Humanis a mis en place, en septembre dernier, un dispositif de prévention baptisé Mon Bilan Cardio. Cet outil permet à l’assuré de réaliser le bilan personnalisé de son profil risque et de prendre des mesures de prévention via la téléconsultation. L’objectif est de sensibiliser sur les facteurs de risque comme le stress, la sédentarité, la consommation d’alcool ou de tabac.
« Le programme Bilan cardio vise à démocratiser l’accès à la prévention de tous les salariés. Il s’agit de faire en sorte que tous les employés aient accès aux mêmes services de prévention. Il n’y a donc pas de services VIP et de services spéciaux pour certains. On essaie de rattraper l’écart entre les différentes catégories professionnelles », a indiqué Laurent Borella.
Lutter contre l’absentéisme maladie
Selon le directeur santé de Malakoff Humanis, les entreprises qui ont déployé des programmes d’accompagnement spécifiques avec son groupe voient baisser en leur sein l’absentéisme maladie. qui reste un problème majeur pour le monde professionnel. Depuis 2016, le nombre de salariés arrêtés dépasse les 40% chaque année, d’après le dernier baromètre absentéisme de la mutuelle.
L’absentéisme maladie a un coût important pour l’employeur ou l’assureur et plombe les performances d’une entreprise. Selon Laurent Borella, Malakoff permet grosso modo de diviser par dix le coût de la prévention telle qu’on l’avait il y a dix ans. « Et donc on peut passer d’un bilan de santé très onéreux, à plusieurs centaines d’euros, à des bilans de santé qui coûtent plusieurs dizaines d’euros», vante le dirigeant.