Gallimard banni du Salon du livre d’Alger

L’éditeur français est interdit, « sans aucune explication » de participer au Salon du livre d’Alger prévu du 6 au 16 novembre prochain.

« Nous apprenons tout juste que nous sommes interdits de présence au salon d’Alger ». C’est ainsi que le patron de Gallimard, Antoine Gallimard, a révélé mercredi 9 octobre au site d’information ActuaLitté, le bannissement de la maison d’édition au Salon du livre d’Alger (Sila).

Une décision communiquée par courrier sans la moindre explication quant aux raisons ou motifs qui la justifient, précise le responsable du groupe français. « Il est permis de tout imaginer, attendu que leur courrier ne donne pas de précisions », ajoute Antoine Gallimard quant aux motivations derrière cet état de fait.

Une décision pour le moins surprenante au regard des rapports entre le Sila et l’éditeur tricolore. Comme le rappelle ActuaLitté, Gallimard a su se positionner au fil des années, comme un des participants français du Salon dont la vocation consiste à promouvoir le livre et l’édition algérienne auprès du grand public, mais aussi des professionnels du secteur.

La France y d’ailleurs été mis à l’honneur pas plus tard qu’en 2015 dans le cadre de la « professionnalisation d’un secteur algérien en expansion et aux échanges intellectuels » entre les deux pays.

Une censure ?

Mais les temps ont depuis changé et les relations entre Paris et Alger sont particulièrement froides. Surtout, Gallimard a « osé » publier « Houris« , le dernier roman de l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, dont la trame explore les cicatrices encore vives de la « décennie noire » algérienne.

Ce chapitre sanglant de l’histoire du pays, marqué par une guerre civile dévastatrice entre 1992 et 2002, reste un sujet tabou en Algérie, au point que la loi en interdit toute évocation dans les livres.

Le roman, bien qu’étant une œuvre de fiction, se heurte donc frontalement à cette interdiction, une sorte de voile jeté sur ce chapitre crucial de l’histoire du pays.

Solidarité éditoriale

Cette censure officielle n’empêche pourtant pas le livre de circuler sous le manteau en Algérie, comme l’a récemment souligné Daoud lui-même : « Mon livre est lu en Algérie parce qu’il est piraté. Il n’est pas édité, malheureusement. Mais il est critiqué, il est commenté. »

Face à cette exclusion, la réaction du monde de l’édition française ne s’est pas fait attendre. Antoine Gallimard a ainsi annoncé que l’ensemble du groupe Madrigall, dont fait partie Gallimard, boycotterait le Salon du livre d’Alger en signe de solidarité.

Cela inclut notamment Flammarion et Casterman, des maisons d’édition françaises de renom. Le Syndicat national de l’édition a également fait entendre sa voix, exprimant ses regrets face à cette situation. Il a en outre rappelé « l’importance de la circulation des livres et des auteurs entre la France et l’Algérie ».

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