Denis Villeneuve aux commandes de James Bond

Le réalisateur québécois à succès s’attaque à l’un des défis les plus importants de sa carrière pourtant déjà bien prolifique.

« Une énorme responsabilité ». Les premiers mots de Denis Villeneuve après sa désignation, le 26 juin dernier, comme réalisateur du prochain James Bond révèlent l’ampleur du défi qui l’attend.

Il devra notamment relancer cette saga qui se fait trop attendre. Cela fait en effet quatre ans que les fans attendent le nouvel épisode depuis « No Time to Die » (« Mourir peut attendre »), dernier film incarné par Daniel Craig en 2021.

Une éternité pour les habitués de cette franchise qui sortait traditionnellement un nouveau film tous les trois ans maximum en moyenne. Cette attente s’explique par les négociations tendues entre Amazon, nouveau propriétaire de James Bond, et Barbara Broccoli, héritière et gardienne historique de la franchise.

Ces négociations se sont finalement conclues en février dernier par la cession du contrôle créatif au géant américain du e-commerce, comme son fondateur Jeff Bezos le souhaitait depuis son rachat de MGM Studios en 2022 pour 8,5 milliards de dollars.

Une profession difficilement tenable

Mais avant de travailler sur le film lui-même, le nouveau réalisateur doit superviser le choix de l’acteur qui incarnera le prochain James Bond. Un casting crucial qui traîne également depuis le départ de Daniel Craig, laissant place à de nombreuses spéculations sur l’identité de l’heureux élu.

« J’ai l’intention d’honorer la tradition et d’ouvrir la voie à de nombreuses nouvelles missions à venir », a déclaré Denis Villeneuve dans son communiqué officiel. Une profession de foi qu’il pourrait avoir du mal à tenir au vu de sa récente évolution artistique, selon Libération.

Créateur de chefs-d’œuvre comme « Dune » (plus de sept millions d’entrées en France), « Premier Contact » ou « Blade Runner 2049 », le cinéaste de 57 ans possède une expérience et un talent indéniables dans le cinéma d’envergure.

Le spectre d’un James Bond dénaturé

Mais il semble désormais s’orienter vers ce que le quotidien français appelle la « photocopie de luxe » à Hollywood. Autrement dit, la tendance à revisiter des œuvres déjà existantes plutôt qu’à créer des histoires originales.

Libération lui reproche ainsi d’avoir vidé Blade Runner de sa « mélancolie poisseuse » et d’avoir transformé l’univers singulier de Dune en « une fresque mi-religieuse mi-martiale aux allures de publicité pour parfums haut de gamme ». Une tendance qui s’accentue, motivée par la recherche de rentabilité au détriment de l’originalité artistique.

« Imagier sans âme, plus directeur artistique qu’auteur, Villeneuve ne risque-t-il pas de transformer James Bond en produit marketing, renforçant cette image d’un espion devenu publicité vivante pour montres de luxe et voitures polluantes ? », s’interroge le journaliste Didier Péron.

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