The Velvet Sundown : quand l’intelligence artificielle réinvente la Musique sur Spotify

C’est l’histoire d’un « groupe » qui n’a jamais existé, mais dont les chansons générées par IA cartonnent sur la principale plateforme de streaming musical.

« Dust on the wind.. Boots on the ground. Smoke in the sky.. No peace found ». Les paroles du titre « Dust on the Wind » vous ont probablement effleuré les oreilles récemment. Il y a de quoi, puisque ce morceau fait partie d’une collection de chansons parmi les plus écoutées sur Spotify depuis quelques semaines.

Cependant, il ne s’agit pas de chansons interprétées par des humains. Aussi troublantes de réalisme que puissent être les voix que vous entendez, elles ont été entièrement générées par l’intelligence artificielle (IA).

Derrière cette performance figure un mystérieux « groupe » se faisant appeler « The Velvet Sundown », dont les membres sont également des personnages fictifs. « The Velvet Sundown est un projet de musique synthétique guidé par une direction créative humaine, et composé, vocalisé et visualisé avec le soutien de l’intelligence artificielle », écrit le compte X dédié.

« Tous les personnages, histoires, musiques, voix et paroles sont des créations originales générées avec l’aide d’outils d’intelligence artificielle utilisés comme instruments créatifs », ajoute-t-il, alors que les sonorités rock du groupe aux deux albums à son actif ont déjà conquis des millions d’auditeurs.

Un succès orchestré par les algorithmes

L’ascension fulgurante du groupe s’explique par une stratégie aussi simple qu’efficace : produire du contenu de qualité à un rythme impossible à maintenir pour des musiciens humains, tout en exploitant les mécanismes de recommandation des plateformes.

Selon Le Monde, l’inclusion dans des playlists très écoutées a propulsé leurs morceaux vers de nouveaux auditeurs, créant un cercle vertueux de découverte et d’écoute.

Mais si The Velvet Sundown se définit désormais comme une « provocation artistique continue conçue pour défier les limites de la paternité d’œuvre », les détecter comme un groupe fictif ne s’est pas fait du jour au lendemain.

D’autant que contrairement à Deezer par exemple, Spotify ne permet pas aux auditeurs de distinguer les contenus réels de ceux générés par l’intelligence artificielle.

L’imposture qui révèle la vérité

Cette opacité sert les intérêts financiers de la plateforme, car cette musique artificielle coûte moins cher à produire que de rémunérer de vrais artistes, selon la journaliste Liz Pelly. De fait, c’est l’intervention d’Andrew Frelon, un imposteur qui va involontairement forcer The Velvet Sundown à révéler sa véritable nature.

Fin juin, alors que le mystérieux groupe maintient un silence radio sur les réseaux sociaux, un compte X apparaît soudainement en leur nom, niant catégoriquement toute utilisation d’intelligence artificielle.

Andrew Frelon, du nom d’un « ennuyant insecte » comme il l’expliquera plus tard, multiplie les interviews avec des médias prestigieux comme Rolling Stone, Washington Post ou Vanity Fair. Il se présente comme le porte-parole du groupe.

Le lendemain de sa dernière interview, Andrew Frelon dévoile la supercherie, expliquant avoir été fasciné par The Velvet Sundown après avoir échoué à créer un projet similaire un an auparavant. De quoi contraindre les initiateurs du groupe artificiel dont on ignore toujours l’identité, à se révéler.

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