Maxence Albanel : l’illustrateur qui fait revivre les châteaux français

À 30 ans, ce Bordelais autodidacte est en train de redonner ses lettres de noblesse au patrimoine français à travers un projet artistique singulier : dessiner, chaque semaine, un château de France en noir et blanc. Une aventure graphique et patrimoniale saluée par une communauté toujours plus nombreuse.

Un parcours hors des sentiers battus

À première vue, rien ne prédestinait Maxence Albanel à devenir l’un des illustrateurs les plus suivis dans le petit monde du patrimoine français. Originaire de Bordeaux, il découvre le dessin à l’âge de 15 ans, une passion qui ne le quittera plus. Pourtant, son parcours scolaire dans les écoles d’art ne se passe pas comme prévu. Échecs successifs, remise en question… Il décide de tracer sa route en autodidacte, porté par une passion intacte et une grande détermination.

Aujourd’hui, cela fait huit ans que Maxence vit de son activité d’illustrateur. Si ses débuts professionnels l’amènent à travailler pour un magazine spécialisé dans le vin, c’est une remarque anodine de la rédactrice en chef qui va bouleverser sa trajectoire. « Tu as un vrai style pour dessiner les châteaux », lui glisse-t-elle. Une intuition qui s’avérera fondatrice.

 

Château de Lapalisse

Naissance d’un projet : Domaine de l’Encre

En 2023, Maxence crée une page Instagram baptisée Domaine de l’Encre. Le principe est simple : publier chaque vendredi le dessin d’un château français. Ce projet, à la fois artistique et patrimonial, part d’un constat étonnant : malgré les 45 000 châteaux recensés dans l’Hexagone, aucun illustrateur ne s’était lancé dans une démarche de représentation régulière et structurée de ces édifices.

Le style de Maxence est sobre et précis. Il dessine exclusivement à la plume et à l’encre noire, sans ajout de couleur. Ce choix esthétique est assumé : l’illustrateur préfère la force graphique du noir et blanc et considère qu’il laisse plus de place à l’imaginaire. Chaque illustration lui demande entre 7 et 15 heures de travail. Depuis le lancement du Domaine de l’Encre, 115 châteaux ont déjà été dessinés.

La page Instagram a rapidement trouvé son public. En deux ans, plus de 15 000 abonnés ont rejoint la communauté du Domaine de l’encre. Chaque publication est accompagnée d’un court texte de présentation du château concerné. Parfois, ce sont les propriétaires qui viennent à lui pour commander un dessin à intégrer dans leur boutique souvenir. D’autres fois, c’est lui qui choisit un édifice selon ses affinités esthétiques, puis propose une collaboration une fois l’illustration publiée.

Un échange constant avec le public

L’un des aspects importants du projet repose sur l’interaction avec la communauté. Très actif sur Instagram, Maxence publie régulièrement des stories pour demander à ses abonnés de lui suggérer des châteaux à dessiner. Les retours lui permettent de découvrir des édifices qu’il ne connaissait pas, et nourrissent sa curiosité. Un échange vertueux, qui nourrit son travail et sa créativité, tout en valorisant des bâtisses parfois oubliées des circuits touristiques classiques.

En parallèle, Maxence propose des cours de dessin destinés à un public varié. Une partie de ses élèves découvre son univers grâce à sa présence sur Instagram et à son site internet. L’artiste a également publié plusieurs ouvrages pédagogiques, comme Le guide de l’architecture et 50 tutos pour apprendre à dessiner. Ces livres prolongent sa volonté de partage et de transmission, tout en affirmant son approche rigoureuse du dessin.

Château Maucailloux

Des projets à venir

Après deux années de publication hebdomadaire, Maxence travaille actuellement sur un livre qui rassemblera l’ensemble de ses dessins de châteaux. Il envisage ce projet comme une manière de donner une seconde vie à ses illustrations, sous une forme plus pérenne qu’une publication numérique.

Et l’illustrateur ne compte pas s’arrêter là. Il travaille également sur des projets de bandes dessinées, où son trait délicat et expressif trouvera, là encore, un terrain d’expression idéal.

 

 

Dans un monde saturé d’images numériques et d’intelligence artificielle, le choix du dessin à la main, en noir et blanc, prend des allures de manifeste. Un retour à l’essentiel, où chaque trait raconte quelque chose. Et dans les yeux de Maxence Albanel, ce sont des milliers de châteaux qui attendent encore de prendre vie sous l’encre.

 

 

 

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