Festival d’Avignon : une 77e édition pour le renouveau

Le Festival d’Avignon a démarré mercredi avec des spectacles de la metteuse en scène Julie Deliquet et de la chorégraphe de hip-hop Bintou Dembélé. Cette année, le rendez-vous mondial des arts dramatiques se place sous le signe du renouveau avec notamment la promotion de pièces en langue anglaise.

Le Festival d’Avignon, l’un des plus importants rendez-vous théâtraux au monde, a débuté le mercredi 5 juillet 2023 pour prendre fin dans quinze jours. Cette 77e édition est marquée par l’arrivée à la direction de l’évènement de Tiago Rodrigues. Premier étranger à la tête de l’évènement, le metteur en scène portugais remplace Olivier Py, qui a conduit les manifestations pendant neuf ans.

Une metteuse en scène en ouverture, fait rare

En 2023, plus de 1 530 spectacles sont programmés dans la Cité des papes, dont 1 491 dans le cadre du « off ». Ce « off » est le plus grand marché de spectacle vivant en France avec près de 1 200 compagnies attendus. Il compte au total 140 lieux, tandis que le festival « in » s’étale sur une quarantaine d’espaces dans la ville, mais aussi extra-muros.

Pour le spectacle inaugural du Festival d’Avignon, le mercredi 5 juillet, Tiago Rodrigues a choisi de proposer « Welfare », un spectacle à caractère social signé Julie Deliquet. C’est la deuxième metteuse en scène, après Ariane Mnouchkine, à présenter une pièce à la Cour d’honneur du Palais des papes où étaient réunis 2 000 spectateurs.

Une fête du théâtre pas aveugle aux injustices du monde

Julie Deliquet a fait vivre les souffrances des plus démunis de la société pour faire écho à l’actualité française autour de la mort du jeune Nahel tué par un policier fin juin. Tiago Rodrigues a également offert en ouverture le spectacle « G.R.O.O.V.E » de la pionnière du hip-hop en France Bintou Dembélé. Elle a organisé une déambulation dansante assez captivante.

Interrogé sur son choix, le directeur du Festival de Cannes a expliqué que « c’est une fête du théâtre qui n’est pas aveugle aux injustices du monde ». Il fallait donc faire un clin d’œil à ce qui passe actuellement dans notre société et s’insurger sur certaines discriminations. Aussi, le metteur en scène souhaitait mettre à l’honneur les femmes, trop longtemps reléguées au second plan.

Plusieurs spectacles anglophones prévus

Par ailleurs, Tiago Rodrigues a introduit une nouveauté au Festival de Cannes. A savoir inviter une langue à chaque édition. Cette année, il a déroulé le tapis à l’Anglais, en réponse au Brexit. « À un moment où des remparts sont construits pour nous éloigner de nos amis britanniques, dit-il, on doit construire des ponts. C’est une sorte de diplomatie culturelle ». Il y aura donc au programme plusieurs spectacles anglophones ou traduits de l’anglais organisés notamment par Tim Crouch, Greig Sargeant et Tim Etchells. On annonce aussi la présence de la direction du festival d’Édimbourg après des années d’absence.

Des débats sur le théâtre à notre époque

Tiago Rodrigues jouera lui-même une de ses œuvres pour combler l’annulation de la pièce « Les Émigrants » de Krystian Lupa, maître de théâtre polonais. Selon le directeur du Festival d’Avignon, une suppression pure et simple de cette représentation aurait coûté un dommage financier de plus de 300 000 euros… Outre le jeu scénique, notons que la programmation comprend de nombreux débats sur la place du théâtre aujourd’hui et sur ses nouvelles possibilités. Notamment à l’ère du métavers, de l’émancipation féminine et de l’urgence écologique.

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