Drake perd sa bataille judiciaire contre Universal Music

L’artiste canadien se voit débouter de sa plainte selon laquelle le label américain a promu contre lui le titre « Not Like Us » de Kendrick Lamar dans le cadre de leur clash l’année dernière. Il reproche au single des propos jugés offensants.

Les paroles d’une chanson, si explicites soient-elles, ne sauraient être considérées comme diffamatoires, surtout lorsqu’elles sont prononcées dans le cadre d’un clash musical. Si Drake pensait le contraire malgré son expérience du rap, la justice fédérale new-yorkaise vient de le lui rappeler.

Cette dernière a rejeté le 9 octobre la plainte de l’artiste contre Universal Music Group (UMG), sa propre maison de disques, accusée d’avoir promu le titre « Not Like Us » de Kendrick Lamar. Sorti le 4 mai 2024, ce morceau marque l’apogée de la rivalité entre les deux rappeurs.

Une véritable guerre des mots où les deux artistes se sont affrontés coup pour coup à travers leurs morceaux, avec une rhétorique de plus en plus enflammée et des accusations graves. Parmi celles-ci figurent les paroles de « Not Like Us », qui qualifient Drake et son équipe d’OVO Sound de « pédophiles certifiés », en référence à son album Certified Lover Boy (2021).

Quand la bataille de rap devient affaire judiciaire

Dans la formule « Tryna strike a chord and it’s probably A-minor » par exemple, Kendrick Lamar joue subtilement sur les mots. Il évoque à la fois la préférence de Drake pour les accords en la mineur et tisse un double sens autour du mot « minor », insinuant des relations déplacées.

Pour la juge Jeannette Vargas, toutefois, ce type de déclaration demeure strictement du ressort de l’expression artistique. « Les propos contestés relèvent d’une opinion non actionnable », a-t-elle tranché.

Cette décision implique qu’au sein d’un « rap battle », virulence, exagération et provocation sont intrinsèquement liées à l’exercice, et qu’un auditeur raisonnable ne peut prendre ces paroles pour des faits avérés.

La magistrate rappelle par ailleurs que ces confrontations, ancrées dans la tradition du genre, reposent sur la surenchère verbale et la rime acérée. Des pratiques protégées par le Premier amendement de la Constitution américaine, garantissant la liberté d’expression et la création artistique.

Un véritable triomphe artistique

Pour Drake, ce jugement est un revers, d’autant que la notoriété acquise par le titre de Kendrick Lamar ne fait qu’entériner la victoire artistique de son rival. La chanson a

remporté cinq Grammy Awards l’année dernière, dont les prestigieuses distinctions de Chanson de l’année, Enregistrement de l’année, Meilleure chanson rap, Meilleure performance rap et Meilleur clip vidéo.

Kendrick Lamar est même allé jusqu’à interpréter le morceau lors du Super Bowl, consacrant ainsi définitivement sa victoire dans cette joute verbale. De quoi convaincre la juge Vargas a déclaré que « Not Like Us » avait porté « le coup métaphorique mortel » dans cette confrontation artistique.

« Dès le départ, cette action était une insulte à tous les artistes et à leur expression créative et n’aurait jamais dû voir le jour« , a réagi UMG quant au jugement.

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