L’actrice britannique, choisie pour interpréter Gisèle Halimi dans un biopic en préparation, suscite de vives critiques après avoir cosigné une tribune s’opposant à la reconnaissance d’un État palestinien. Une position perçue comme incompatible avec les idéaux défendus par l’avocate et militante, figure majeure du féminisme et de l’anticolonialisme, née en Tunisie dans une famille juive.
« Gisèle » verra-t-il bien le jour ? Le long-métrage consacré au procès de Bobigny, moment charnière dans le combat pour la dépénalisation de l’avortement – l’un des symboles les plus forts des luttes menées par Gisèle Halimi – est attendu en salles pour 2026.
Mais depuis plusieurs semaines, ce projet signé par le duo Lauriane Escaffre et Yvo Muller est éclaboussé par une vive controverse. Charlotte Gainsbourg, choisie pour prêter ses traits à l’avocate, se trouve au cœur des critiques en raison d’une récente prise de position politique.
En cause : sa signature, le 19 septembre dernier, au bas d’une tribune publiée dans Le Figaro, appelant Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages israéliens et au démantèlement du Hamas.
Le choix de casting qui fait débat
Pour Serge Halimi, ce positionnement va frontalement à l’encontre de la pensée politique de sa mère, connue pour sa défense inconditionnelle du peuple palestinien et de ses droits. « Ce choix nie une partie essentielle de son héritage moral », estime-t-il dans une tribune publiée le 26 septembre sur le média indépendant Blast.
L’écrivain Jean-Marc Nauts y est aussi allé de son indignation dans une autre tribune. Selon ses signataires, donner à Charlotte Gainsbourg le rôle de Gisèle Halimi revient à « effacer l’un des combats les plus chers » à l’avocate disparue en 2020.
Le texte rappelle que signer un appel qui, selon eux, « suspend le droit d’un peuple à exister pendant qu’il est massacré » est incompatible avec la mémoire d’une femme qui plaida contre toutes les formes d’oppression, qu’elles soient patriarcales, raciales ou impérialistes.
Gisèle Halimi, l’esprit d’une militante indomptable
Si Gisèle Halimi demeure une figure majeure en France pour son engagement féministe et son rôle décisif lors du procès de Bobigny en 1972, étape clé vers la légalisation de l’avortement, elle fut aussi une défenseuse résolue de la cause palestinienne.
Cette dimension de son militantisme, souvent moins présente dans les médias que ses combats pour les droits des femmes, est aujourd’hui rappelée avec force par les voix qui contestent le choix de casting du biopic.
« Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. J’affirme que cette cause est juste et qu’elle sera reconnue comme telle par l’histoire », écrivait-elle dans L’Humanité à l’été 2014, alors que Gaza subissait une nouvelle vague de bombardements.
