ABBA, le légendaire groupe de pop suédois, s’associe à l’ONU pour protéger les droits d’auteur. Ensemble, ils lancent une nouvelle plateforme afin d’aider les artistes à s’informer sur le sujet. Il s’agira notamment de leur permettre de se prémunir contre l’intelligence artificielle qui menace la création.
Bjorn Ulvaeus, le célèbre auteur-compositeur du groupe pop suédois ABBA, veut contribuer à la protection des droits d’auteur. Pour cela, il créé, avec l’aide des Nations Unies, une plateforme en ligne révolutionnaire baptisée « CLIP » (Creators Learn Intellectual Property). Celle-ci vise à sensibiliser les artistes et leur fournir les connaissances ainsi que les outils nécessaires pour revendiquer ce qui leur revient de droit.
Séparer ce qui vient de l’humain et ce qui vient de l’IA
CLIP les aidera en particulier à se défendre contre l’intelligence artificielle (IA), qui risque d’inonder le marché avec des chansons générées par des algorithmes à partir du travail préexistant d’artistes humains. « Nous devons séparer ce qui vient de l’humain et ce qui vient de l’IA parce que sinon l’industrie de la musique va être détruite », a déclaré Björn Ulvaeus lors d’une conférence de presse à Genève au siège de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi), une agence spécialisée de l’ONU.
De la nécessité de tracer les influences et l’origine d’un morceau
De l’avis du chanteur suédois, l’industrie musicale doit trouver des solutions pour rémunérer équitablement ceux dont les catalogues servent de base aux modèles d’IA. Il trouve cela d’autant nécessaire qu’il deviendra bientôt impossible de tracer les influences et l’origine d’un morceau avec l’évolution fulgurante des algorithmes. Pour illustrer ses propos, Björn Ulvaeus a pris l’exemple d’une IA générant une ballade amoureuse de style ABBA interprétée par Frank Sinatra et accompagnée par un orchestre symphonique.
Pour la reconnaissance du travail des auteurs-compositeurs
Dans cet exemple, l’IA seule ne pose pas problème en tant que moyen de plagiat. On relève également le traitement discriminé entre les artistes interprètes et les auteurs-compositeurs. Ces derniers sont souvent négligés au profit des premiers. Björn Ulvaeus pense que l’on devrait placer les auteurs-compositeurs et les créateurs au cœur de l’industrie car « tout commence par une chanson ». Aussi, souhaite-t-il que le secteur accorde plus d’importance à l’éducation et à la sensibilisation des nouveaux auteurs-compositeurs.
Le développement du streaming a complexifié l’industrie musicale
Cela leur permettra de comprendre leurs droits et les étapes essentielles pour enregistrer des compositions originales. Et surtout ces auteurs-compositeurs auront les connaissances fondamentales pour réussir leur carrière musicale. L’Ompi est d’accord avec Björn Ulvaeus sur ces points. L’agence spécialisée de l’ONU reconnait que le travail des auteurs-compositeurs n’est pas toujours valorisé, surtout lorsque leurs chansons sont consommées en ligne. Cette situation serait largement imputable au développement du streaming.
La première itération de la plateforme attendue début 2024
En effet, même s’ils ont contribué à freiner le piratage, les services de streaming ne s’y connaissent pas trop en matière de droits d’auteur et de rémunération. Ils ne savent pas qui payer, alors que l’industrie musicale se complexifie. D’où l’utilité de CLIP. Cette plateforme permettra aux artistes de comprendre les rouages du milieu de la création et de se familiariser avec les droits des créateurs de musique. Gratuite et disponible en six langues, sa première itération sera lancée début 2024.