Le musée parisien serait en piteux état d’après sa dirigeante, qui en appelle au concours de l’État.
C’est un cri d’alarme qui mériterait d’être pleinement entendu. Dans une note confidentielle en date du 13 janvier et révélée par Le Parisien, Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre, se plaint à la ministre de la Culture Rachida Dati, de l’état de dégradation des lieux.
Elle évoque tour à tour, des soucis d’avaries, d’infiltrations d’eau, de vétusté des équipements et de de variations des températures, de 10, 12 degrés parfois en hiver, et plus de 30 degrés en été. De quoi menacer désormais directement la conservation même des œuvres.
« Il ne se passe pas un jour sans qu’on constate la dégradation du bâtiment, avec de la peinture qui s’effrite, des salles, réserves et espaces de travail parfois inondés, des pannes d’électricité et des retards de paiement des prestataires faute de budget », confie à l’AFP, Christian Galani, qui représente le syndicat CGT Culture au Louvre.
Le cas de l’aile Sully, une des plus anciennes parties du musée, est illustratif de cette situation particulièrement alarmante. Une exposition destinée aux dessins de Claude Gillot a en effet dû être déplacée de cette enceinte réputée pour son architecture unique en novembre dernier, à cause des problèmes d’inondation dans la salle de l’Horloge, selon une source citée par l’AFP.
Un bâtiment historique dépassé par son succès
Le tableau est d’autant plus critique que le Louvre semble victime de son propre succès. Conçu pour accueillir quatre millions de visiteurs annuels, le palais en reçoit aujourd’hui plus du double, avec près de neuf millions de personnes en 2024, dont 80% de touristes étrangers.
De quoi inciter Rachida Dati à envisager une augmentation des frais de visite pour des touristes non-européens ? Toujours est-il que cette initiative ne suffira pas à remettre le bâtiment aux normes. D’autant que la pyramide de verre, pourtant relativement récente puisqu’inaugurée en 1989, est désormais « structurellement dépassée ».
Laurence des Cars pointe également des espaces de détente et de restauration insuffisants, malgré l’instauration récente sous sa houlette d’un quota de 30 000 visiteurs par jour. Les sanitaires non plus ne répondraient plus aux standards internationaux.
Des besoins financiers colossaux
Pour Christian Galani, tout cela est « loin d’être à la hauteur du rayonnement universel » du plus grand musée du monde. « C’est mon devoir d’alerter« , a déclaré la présidente aux journalistes lors de la présentation d’une exposition jeudi 23 janvier dans des propos rapportés par Le Monde, soulignant qu’elle avait déjà tiré la sonnette d’alarme « à de nombreuses reprises » auparavant.
La conservatrice générale du patrimoine évoque un statu quo qui ne peut plus perdurer, alors que l’Élysée indique, d’après le journal, que le président Emmanuel Macron a été « alerté » et devrait prochainement s’exprimer sur le sujet.
Difficile toutefois d’envisager une solution face à des besoins d’investissements estimés à au moins 100 millions d’euros par une source à l’AFP, dans un contexte de forte tension budgétaire nationale.