La ministre Rachida Dati lance cette année un « plan camping » estival pour rapprocher la culture des Français. L’initiative présente toutefois certaines limites.
Que diriez-vous d’un spectacle de danse, d’une exposition ou encore d’une projection cinéma pendant que vous campiez ? Pour cet été, tel est l’aperçu du programme réservé aux Français dans les campings par la ministre de la Culture Rachida Dati.
L’initiative dénommée « plan camping » est la nouveauté 2025 de l’Été culturel, cette opération nationale destinée depuis cinq ans, à soutenir des propositions artistiques et culturelles diverses durant les mois de juillet et août.
Dévoilée le 23 mai dernier depuis le camping La Marina de Canet-en-Roussillon dans les Pyrénées-Orientales par la ministre elle-même, elle a pour objectif proclamé : la démocratisation de l’accès à la culture en investissant massivement les campings de l’Hexagone.
Théâtre, musique, projections, danse, expositions itinérantes… « ce sera plus de 1000 événements sur toute l’étendue du territoire dans les campings », vante Rachida Dati dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, prédisant des activités culturelles « exceptionnelles ».
Profiter de la tradition française du camping
« La Culture n’est jamais en vacances », écrit Dati sur les réseaux sociaux. Elle s’est associée pour l’occasion au cinéaste Fabien Onteniente connu pour ses comédies populaires sur la vie quotidienne des Français, dont la troligie « Camping ».
L’idée directrice de ce « plan camping » repose sur un constat simple et révélateur : la France possède le plus vaste réseau de campings d’Europe selon le journal Le Monde, accueillant notamment chaque été, jusqu’à 28 millions de vacanciers, soit près de la moitié de la population.
Il s’agit donc pour l’État d’un terreau fertile à la vulgarisation de la culture. Plutôt que d’attendre que ces millions de vacanciers se rendent dans les lieux culturels traditionnels, le ministère a choisi d’aller à leur rencontre, dans l’esprit de la devise de Rachida Dati : « La culture doit aller partout là où sont les Français ».
Une « énième provocation »
Cependant, l’opération, malgré ses bonnes intentions et son budget de 1,8 million d’euros, suscite la colère des acteurs culturels, qui y voient, selon Le Monde, une « énième provocation » de la ministre.
Michel Guerrin, rédacteur en chef au quotidien du soir, critique sévèrement dans une chronique publiée le 6 juin 2025 cette opération de communication qui occulte selon lui les vrais problèmes du secteur culturel, comme la désaffection des Français pour les musées ou la réduction du budget ministériel.
« Pourquoi ajouter de nouvelles animations dans les campings alors que les défis sont déjà nombreux ? », interroge le journaliste, soulignant que « l’été est la saison où la France rurale propose déjà le plus de spectacles, expositions et festivals ».