Netflix : « Messiah », la série au fort parfum de scandale

L'acteur belge Mehdi Dehbi, incarnant Al-Massih dans « Messiah » de Michael Petroni.

 

Netflix a lancé le 1er janvier « Messiah », un thriller politico-religieux qui n’est pas sans rappeler, par bien des aspects, « Homeland ». Dénoncée par certains comme étant anti-islam, la série raconte l’émergence d’un supposé messie dans un Proche-Orient en pagaille et des Etats-Unis en errance.

Après Il Miracolo en 2019, histoire d’une petite statue de la Madone aux yeux qui pleurent du sang, qui bouleverse une Italie mal en point, les amateurs de séries démarrent 2020 avec Messiah, sur Netflix, odyssée d’un sauveur présumé.

Al-Massih, l’homme providentiel dans un Proche-orient en proie au chaos

Dans une Syrie en proie au chaos semé par l’organisation islamique, apparait soudainement Al-Massih, un homme qui tient un propos de courage face à l’agression. A son arrivée dans une ville, une immense tempête de sable fait fuir les assaillants et l’homme devient un héros. Bientôt, il emmène 2000 fidèles à sa suite en direction de la frontière israélienne puis sauve un enfant de la mort à Jérusalem, où il met le mont du Temple sens dessus dessous. Puis il disparait pour réapparaitre quelques heures plus tard au Texas (Etats Unis). Là-bas, alors qu’il se trouve dans la petite ville de Dilley, la tornade frappe et seule l’église reste debout. On y voit un signe de la providence. Encouragé par le pasteur local (John Ortiz), Al-Massih mène encore une longue procession de fidèles fascinés jusqu’à Washington. Où le jeune homme va faire montre de pouvoirs surnaturels.

Un héros qui a tout du Christ

Aux Etats-Unis (où un juge texan lui a accordé le droit d’asile), Al-Massih est sous la surveillance d’un agent de la sécurité intérieure israélienne, Aviram Dahan (Tomer Sisley), et d’une agente de la CIA, Eva Geller (Michelle Monaghan). La présidence voit d’un très mauvais œil les désordres qu’il créé et le considère comme un dangereux usurpateur.

Al-Massih est incarné par le belge de 36 ans Mehdi Dehbi, qui se dote de tous les attributs christiques : cheveux au vent de Dieu, barbe modeste, port droit, regard profond et fixe. Il fait tout ce que fait un messie qui se respecte, c’est-à-dire semer la pagaille, remettre tout en question, citer « Dieu » dans toutes ses phrases et répondre aux questions par des questions. Il est aussi œcuménique, mais s’habille en Nike et Adidas.

« provocateur », mais pas « offensant »

Le feuilleton provoque des polémiques, certains le jugent anti-islam. Il s’agirait d’une « propagande maléfique et anti-islamique», selon les termes d’une pétition qui appelle à son boycott. Les autorités de Jordanie, pays où a été tournée une grande part des épisodes, ont aussi élevé le ton, parlant d’une offense à la religion. D’ailleurs, le « héros » est identifié comme Al-Massih, un nom qui s’apparente à la figure de l’Antéchrist – commune aux textes chrétiens et islamiques, notamment dans la tradition sunnite –, Al-Masih ad-Dajjal.

Cité par l’agence AFP, Michael Petroni affirme que oui, Messiah «est une série provocatrice. Mais « provocateur » ne veut pas dire « offensant », relativise-t-il. Il ajoute que sa création « ne vise en aucune manière à choquer qui que ce soit ». Toutefois, il dit s’attendre « à ce qu’il y ait beaucoup de bruit autour de la série, et de nombreux débats », ce dont il se réjouit. Et peut-être Netflix aussi, qui espère tirer profit du scandale…

Laisser un commentaire